La semaine dernière, les Pays-Bas accueillaient les championnats du monde d’endurance Jeunes. Si l’équipe de France y remportait l’or par équipe, Léa Vandekerckhove, en selle sur sa pur-sang arabe Guemra du Lauragais, s’est, elle, également offert une belle cinquième place en individuel. Rencontre avec une cavalière aussi douée qu’ambitieuse.
À seulement dix-neuf ans, Léa Vandekerckhove fait partie de l’équipe de France d’endurance depuis déjà plusieurs années. Et, une chose est sûre, le sélectionneur national, Jean-Michel Grimal, ne s’est assurément pas trompé en ce qui concerne le talent et le potentiel de cette jeune cavalière. Très performante, Léa est actuellement en tête du classement mondial des Jeunes cavaliers, qu’elle domine très largement. Une première place, à laquelle elle compte évidemment bien rester. Et nul doute que son titre de championne du monde par équipe et sa cinquième place en individuel décrochés il y a quelques jours à Emerlo, aux Pays-Bas, avec sa jument Guemra du Lauragais (Sisko), devraient l’y aider ! Un championnat riche en suspens et en rebondissements, dont la jeune cavalière se souviendra certainement longtemps. « Nous avons fait la course à cinq avec l’équipe de France et nous avons réalisé les premiers kilomètres dans le trio de tête de la course. Nous avons fait trois boucles en relais, et lors de ma quatrième boucle, je suis partie avec vingt secondes d’avance, donc la fin de la course s’est jouée au sprint”, explique-t-elle. Septième à passer la ligne d’arrivée, Léa s’est finalement – et contre toute attente – retrouvée à la cinquième place du classement individuel, pour son plus grand bonheur. “Les deux cavaliers des Emiratis qui se trouvaient juste devant moi, aux quatrième et cinquième places, ont finalement été éliminés de la course à la suite de la visite vétérinaire à l’arrivée. Leurs chevaux ont fait des métaboliques, ce qui signifie qu’ils n’ont pas assez récupéré lors de la course”, précise-t-elle. Car, en endurance, la stratégie joue un rôle important. Notamment lors d’un championnat du monde, où il y a près de 120 kilomètres à parcourir, décomposés en quatre boucles de 40, 23, 28 et 31 kilomètres, avec 45 minutes de pause entre chacune d’entre elles, ainsi que des contrôles vétérinaires. “Tous les cavaliers de l’équipe de France ont essayé de garder de l’énergie pour la fin car, habituellement, la dernière boucle d’une course ne fait pas 31 kilomètres comme dans ce championnat mais 23 au maximum. Finalement, nous n’avons pas eu de problème à terminer cette course. Personnellement, je partais avec l’ambition de terminer dans les dix premiers, ce qui aurait déjà été incroyable. Le top 5, je ne m’y attendais vraiment pas !”, affirme Léa. Prochain objectif pour la jeune cavalière : remporter les 120 kilomètres du CEI3* de Fontainebleau au mois d’octobre et ainsi pouvoir espérer conserver sa première place au classement mondial. Et, comme toujours, Léa ne manque ni de détermination, ni de motivation.
Un rythme soutenu
Qui dit endurance, mais également championnat, dit évidemment préparation physique. Et que cela concerne le cheval ou le cavalier, cette discipline requiert une forme physique irréprochable. Soutenu par ses parents, et plus particulièrement par son père, qui s’occupe de sa carrière et de l’entraînement de ses chevaux, Léa s’est attelée à entraîner sa jument de manière intensive trois mois avant la compétition. “Nous allions beaucoup sur la piste de galop et en montagne, et ma jument faisait également souvent du tapis ainsi que du marcheur. J’ai la chance d’avoir mes chevaux chez moi et que ma famille et moi possédions toutes les installations nécessaires à l’entraînement. Chaque jour, je suivais le programme que mon père avait prévu pour Guemra. Et, grâce à cet entraînement, nous avons pu finir le championnat sans difficulté. Contrairement à ma jument qui suit un programme d’entraînement avant chaque compétition, moi je n’en ai pas réellement. Je monte simplement à cheval tous les jours, comme d’habitude, et je vais en compétition le week-end”, explique la jeune cavalière qui suit actuellement un BTS Analyse et conduite des systèmes d’exploitation (ACSE), ce qui lui permet d’être au plus proche de ses chevaux chaque jour, puisqu’elle réalise son apprentissage directement chez elle.
L’endurance, une affaire de famille
Issue d’une famille de cavaliers, Léa commence l’équitation dès son plus jeune âge, dans un poney club ainsi que dans les écuries familiales. Elle s’essaie au saut d’obstacles et au dressage mais, très vite, son attrait pour l’endurance se dessine, pour le plus grand bonheur de son père. “Mon père s’est lancé dans l’endurance lorsque cette discipline est apparue, puis a acheté son premier pur-sang arabe. Il a commencé la compétition a petit niveau et lorsqu’il a trouvé le bon cheval, il l’a confié à des entraîneurs. Ce cheval a terminé deuxième championnat du monde des huit ans et a par la suite été vendu au roi du Bahreïn, Cheikh Nasser. Mes deux grands frères font eux aussi de la compétition”, souligne la jeune femme. Selon Léa, l’essentiel en endurance est d’avoir un lien très fort avec son cheval, d’être à l’écoute, et de savoir entendre et comprendre les signaux qu’il transmet. “Certaines personnes n’ont pas ce lien et ce ressenti, ne repèrent pas quand le cheval envoie des messages et c’est à ce moment-là que la course s’arrête pour eux car, avant tout, l’endurance, c’est la fusion du cavalier et du cheval. Ne pas avoir peur de prendre des risques, c’est également très important pour gagner, selon moi », explique-t-elle. Et, comme dans toutes les disciplines, il est aussi primordial d’avoir la bonne monture. « Les chevaux d’endurance ne sont pas sélectionnés par rapport à leur taille, mais avant tout pour leurs aplombs. Le cheval doit être froid dans sa tête et indépendant. Un cheval chaud et stressé n’est pas recommandé pour l’endurance car il pourrait s’épuiser tout seul. Avoir un bon cœur, c’est la qualité principale”, ajoute-t-elle.
De son côté, Léa a eu la chance de choisir sa jument, Guemra du Lauragais, et de la voir grandir depuis sa naissance. Pour la cavalière, le fait d’avoir grandi avec sa jument explique notamment la relation fusionnelle qu’elle entretient aujourd’hui avec elle. “Je l’ai choisie dès sa naissance. Lorsque mes parents nous ont laissés choisir chacun notre cheval avec mes frères, je me suis tout de suite arrêtée sur Guemra. À l’âge de trois ans et demi, elle est partie au débourrage et, à son retour, je me suis dit que j’avais la jument parfaite. Je n’avais pas l’impression d’avoir un cheval de quatre ans sous la selle. On s’entend à merveille, malgré le fait que les chevaux d’endurance soient généralement très froids. C’est le genre de jument que l’on ne croise pas deux fois, pour moi elle est exceptionnelle”, affirmait la jeune cavalière, déjà impatiente de retourner en compétition sous la selle de sa talentueuse Guemra.